Le volontaire est un collaborateur ou une collaboratrice prêt à partir aux quatre coins du monde pour mettre son expérience et ses compétences au service des autres.
Un volontaire Veoliaforce est un collaborateur du groupe Veolia qui, sur son temps de travail, part en mission pour le compte de la fondation Veolia. Préalablement formé à l'urgence humanitaire et au maniement des équipements d'intervention conçus par la Fondation, il peut être sur le terrain pendant plusieurs semaines ou apporter son expertise à distance. Il part à la demande des organisations humanitaires internationales après une catastrophe ou pour améliorer durablement les conditions de vie des plus démunis. Il apporte une expertise de l'un des métiers du Groupe dont il est issu : Eau, Energie, Déchets ;
La Fondation coordonne et prend en charge la logistique et les frais de déplacement ; le volontaire Veoliaforce continue à être rémunéré comme s'il officiait dans son emploi habituel.
Et les ERU ? Les volontaires Veoliaforce peuvent être mis à disposition de la Croix-Rouge française, partenaire historique de la fondation Veolia, pour intégrer les Equipes de Réponse aux Urgences (ERU). Illustration après le séisme de septembre 2023 au Maroc.
Devenir volontaire Veoliaforce ?
Les salariés du groupe Veolia peuvent demander à figurer parmi les volontaires Veoliaforce de la fondation Veolia en suivant ce lien (accès réservé aux salariés du Groupe) :
Pour quelles missions ?
Depuis sa création en 2004, la fondation Veolia a mené près de 250 missions d'expertise, tant sur des projets de développement que lors de contextes d'urgence humanitaire. Illustrations au Pakistan, à Haïti, au Liban, au Bangladesh, au Myanmar...
Retrouvez les témoignages des volontaires Veoliaforce
Frédéric Gogien : “J’ai un peu le sentiment paradoxal d’avoir reçu plus que je n’ai donné.”
Expert Assainissement à la Direction des opérations de la région Centre-Est de Veolia, Frédéric Gogien a passé trois semaines au Mozambique après le passage du cyclone Idai. Son intervention, en deuxième rotation, a permis de passer la main aux Mozambicains pour exploiter les Aquaforces, unités mobiles de traitement de l’eau de la Fondation Veolia. Retour d’expérience.
Vous êtes parti en binôme en deuxième rotation, donc pour succéder à un autre duo de volontaires Veoliaforce. En quoi a consisté votre mission ?
Frédéric Gogien : Les Aquaforces avaient été déployées avant notre arrivée. Quand on prend le relais quelques semaines après les événements comme nous l’avons fait avec Marie Gaveriaux, l’objectif est de sécuriser et d’optimiser la production d’eau, puis d’en transférer le contrôle à des équipes locales.
Comment s’est déroulée cette phase de formation ?
FG : Nous avons travaillé avec quatre Mozambicains qui ont vite gagné en autonomie sur le fonctionnement quotidien des machines. L’enjeu était de s’adapter en permanence au contexte.
Vous y avez gagné le surnom d’ “Inspecteur Gagdet”...
FG : Les jeunes que nous formions m’appelaient comme ça en effet ! Je pars du principe qu’il faut faire avec ce qu’on a dans les caisses pour que ça fonctionne au mieux. Cela conduit parfois à être inventif… Au-delà de l’anecdote, il faut faire preuve d’une grande capacité d’adaptation pendant ce type de mission. Solidarités International, l’ONG avec laquelle nous avons travaillé, ne savait pas elle-même combien de temps elle allait pouvoir rester. Or il fallait trouver un cadre et une organisation pour sécuriser l’exploitation des Aquaforces et donc l’accès à l’eau pour des centaines de personnes : qui pourrait acheter les consommables, qui rémunérerait les agents affectés aux stations, qui planifierait la présence de tel ou tel... On serait partis et la production se serait arrêtée, je l’aurais vécu comme un échec. In fine, ça s’est miraculeusement bien passé. Deux ONG ont succédé à Solidarités International. On est parti proprement, dans de bonnes conditions, en faisant les transferts comme il fallait. J’ai poursuivi les échanges avec les équipes sur place jusqu’à récemment et ça tourne encore.
Comment retrouve-t-on le rythme quotidien au retour ?
FG : Il y a à la fois un sentiment gratifiant, lié au fait que je travaille pour un groupe qui me permet de m’engager dans ce type de mission sur mon temps de travail, et une réadaptation nécessaire à une activité très différente de ce qu'on a vécu pendant trois semaines. Dans mes fonctions chez Veolia en région Centre-Est, je produis beaucoup de documents : analyses, rapports, etc. A Beira, je produisais de l’eau !
Quel bilan tirez-vous de cette expérience ?
FG : J'ai beaucoup appris techniquement et rencontré des gens très attachants. Finalement, j’ai un peu le sentiment paradoxal d’avoir reçu plus que je n’ai donné.
Propos recueillis par la Fondation Veolia.
Marlène Cothenet : "J'ai été impressionnée par la résilience de la population."
Ingénieur études et projets Eau, Marlène Cothenet travaille chez Veolia depuis 2012. Elle est responsable de l’unité Etudes et projets au sein d'Eau du Grand-Lyon où elle travaille depuis quatre ans, après une expérience à la direction régionale Centre-Est.
Vous avez été volontaire pour partir à Beira, au Mozambique pour venir en aide à la population touchée par le passage du cyclone idai. En quoi a consisté cette mission menée avec la Fondation Veolia ?
Marlène Cothenet : L’objectif était d’apporter de l’eau potable aux plus démunis, à la fois pour subvenir aux besoins primaires de ceux qui avaient tout perdu, et pour tenter d’enrayer l’épidémie de choléra attendue dans cette région où la maladie est déjà endémique.
Vous arrivez sur place en tant que volontaire Veoliaforce pour travailler avec une ONG partenaire : Solidarités International. Quelles sont les premières priorités ?
MC : Notre objectif était d’identifier les lieux où déployer deux Aquaforce 2 000, les stations mobiles de potabilisation de l’eau conçues par la Fondation Veolia. C’était d’autant plus difficile que les besoins n’étaient pas évidents à estimer, la population étant encore en mouvement (premiers retours dans les maisons partiellement détruites en milieu urbain, arrivées dans des camps après avoir quitté les campagnes dévastées...) Avec mon binôme, Romain Thémereau, autre volontaire Veoliaforce, nous avons donc passé quelques jours à sillonner la région avant d’arriver au village de Tica-Muda, à 60 km de Beira, où un camp de déplacés avait été installé. La première Aquaforce 2 000 y a été déployée. La seconde le sera dans un quartier de Beira particulièrement touché par le choléra, à Maraza.
Comment les Mozambicains perçoivent-ils ces nouveaux venus de l’étranger ?
MC : Dans les zones où nous sommes intervenus, les Mozambicains ont bien accueilli les intervenants extérieurs. J’ai été impressionnée par la résilience de la population. A Beira, la mobilisation a été très rapide pour commencer à reconstruire, réparer les toits ou encore nettoyer les rues. La situation est plus difficile pour ceux qui vivent en milieu rural : ils ont perdu leur maison mais aussi les cultures agricoles qui étaient leur moyen de subsistance. Les témoignages sont assez poignants.
L’eau produite au moyen d’équipements peu connus est-elle bien accueillie ?
MC : Dans les camps, les Mozambicains étaient preneurs avant même que l’eau ne soit prête. Et puis nous avons eu la visite d’un ministre qui, comme nous, a bu l’eau issue des Aquaforces. Ça rassure !
Comment communiquiez-vous avec la population lusophone ?
MC : Je parlais… Portugol ! Un peu d’Espagnol et beaucoup de système D et l’aide de Mozambicains anglophones pour traduire.
Quand quel état revient-on de trois semaines en situation d'urgence humanitaire ?
MC : On revient vite à son rythme quotidien avec, naturellement, un sentiment de décalage les premiers temps. Les journées sur place sont intenses avec un contexte d’urgence et de survie très éloigné de notre confort français.
Propos recueillis par la Fondation Veolia
Marie Gaveriaux : “Former les Mozambicains pour assurer la pérennité de l’accès à l’eau.”
Ingénieur chimiste et procédés chez Veolia Eau, Marie Gaveriaux a passé trois semaines au Mozambique en avril, dans la région de Beira, après le passage dévastateur du cyclone Idai. Volontaire Veoliaforce, elle a formé des Mozambicains à exploiter les équipements de la Fondation.
Vous êtes partie un mois après le passage du cyclone tropical Idai qui a notamment touché la côte portuaire du Mozambique. Quelles ont été vos premières impressions à l'arrivée ?
Marie Gaveriaux : Les habitants ont fait preuve d’une résilience étonnante : les rues ont été très vite débarrassées des débris. Mais la situation était clairement plus difficile dans les régions rurales qu'à Beira, pourtant seconde ville la plus importante du pays avec ses 500 000 habitants.
A titre personnel, j’ai découvert l’univers de la coordination humanitaire, un monde que je ne connaissais pas du tout. On ne se doute pas de l’organisation qui se met en place après de telles catastrophes. Et je tire d’ailleurs mon chapeau à Solidarités International, l’ONG partenaire de la Fondation Veolia, avec qui nous avons travaillé.
Sur le terrain, vous avez succédé, avec Frédéric Gogien, à un autre binôme de volontaires Veoliaforce. Quelle a été votre mission ?
MG : Avant notre arrivée, deux Aquaforce 2000 avaient été déployées par Marlène Cothenet et Romain Thémereau avec Solidarités International. Notre mission a finalement consisté à organiser la suite : optimiser la qualité de l’eau produite et surtout former une équipe de Mozambicains pour assurer la pérennité de l’accès à l’eau.
Comment s’est déroulée la formation avec la difficulté de ne pas parler le Portugais ?
MG : On se débrouille : un peu d’anglais, un peu d’espagnol... Et beaucoup de gestes ! Et puis nous étions deux, c’est important. Chacun a naturellement trouvé sa place et ses modes d’expression. Nos stagiaires ont d’ailleurs très vite surnommé Frédéric Gogien "l’Inspecteur Gadget"... L’objectif était que les quatre jeunes Mozambicains que nous formions soient autonomes. Et au bout de quelques jours, ils démarraient eux-mêmes les Aquaforces.
Comment avez-vous organisé votre absence au sein de l’équipe de Veolia Water Technologies (Saint-Maurice, Val de Marne, Veolia Eau) ?
MG : Le planning n’était pas idéal avec le départ de ma chef de projet en congé maternité le jour où je devais partir. Mais mes supérieurs ont été d’un grand soutien : ils m’ont donné leur accord un dimanche et nous avons organisé la transition au mieux pour que je puisse m’absenter sans que l’équipe n’ait trop à en souffrir.
Quel bilan tirez-vous de cette mission ?
MG : Je suis partie avec le sentiment d’avoir vécu une expérience extraordinaire : j’ai beaucoup appris, sur moi-même, sur le pays… Le retour est forcément un peu violent : il faut se reconnecter avec la réalité. On a passé trois semaines sur le terrain, à s’adapter tous les jours, à improviser parfois pour trouver les meilleures solutions. On retrouve une vie à la fois plus sédentaire et plus réglée. C’est le jeu !
Propos recueillis par la Fondation Veolia.
Camille Beaupin : “Le temps n’a pas la même valeur dans l’urgence humanitaire qu’ailleurs.”
Vous avez été sollicitée en tant que volontaire Veoliaforce pour partir en mission. Comment s’organise un départ dans ce contexte d’urgence humanitaire ?
Camille Beaupin : Il faut bien sûr anticiper son absence au travail et chez soi et se mettre en condition pour être réactif, pour être en mesure de prendre un avion dès le lendemain. L’intendance gérée, on peut se consacrer complètement à sa mission.
Pour moi qui n’avais jamais pratiqué d’intervention post-catastrophe humanitaire, l’arrivée sur le terrain est d’ailleurs un peu déroutante. Les intervenants sont nombreux, la coordination se fait au mieux mais la transmission de l’information n’est pas toujours parfaite. Bref, j’ai découvert les premiers jours les coulisses de l’action humanitaire : recenser les besoins, adapter les ressources, répartir les moyens… C’est un vrai métier.
Sur place, en binôme avec un permanent de la Fondation, vous avez déployé une Aquaforce 2000, unité mobile de potabilisation de l’eau conçue par les ingénieurs de la Fondation, avec Médecins sans Frontières.
CB : Oui, c’était à quelques dizaines de kilomètres de Dombé, à l’ouest de Beira. Il a fallu identifier le meilleur point d’approvisionnement en eau et organiser l’accès à des rampes de distribution que nous avons voulu installer au plus près des populations, soit 1 kilomètre de tuyaux à faire courir en pleine nature.
Quelles ont été vos relations avec la population mozambicaine ?
CB : Parce que nous produisions de l’eau avec des équipements que les Mozambicains ne connaissaient pas, il a bien sûr fallu se montrer pédagogue, boire l’eau issue de l’Aquaforce et, globalement, expliquer nos faits et gestes. Mais au-delà de notre intervention de volontaires Veoliaforce, j’ai trouvé la population très dynamique malgré le drame qui la touche. Les gens sont dans une logique de résilience et cherchent déjà à se reconstruire de manière assez autonome. C’est impressionnant et, parfois, je me demandais comme nous réagirions, en France, face à un tel événement...
Qu’est-ce qui vous a le plus étonné pendant cette mission ?
CB : Il faut savoir s’adapter pour gérer les aléas : les situations évoluent chaque jour, chacun veut faire au mieux mais doit se coordonner avec les autres acteurs présents. Et puis vous êtes en relation avec des interlocuteurs extérieurs, sans toujours bien comprendre que c’est le week-end ailleurs dans le monde et que les décisions ne se prendront donc que lundi… Le temps n’a pas la même valeur dans l’urgence humanitaire qu’ailleurs.
Sylvain Delage : “A Dombé, les gens n’ont plus rien”
Sylvain Delage, chef d’équipe maintenance à la station d’assainissement Amphitria dans le Var, a passé trois semaines en missions au Mozambique après le passage du cyclone Idai. L’occasion de découvrir toute la logistique humanitaire déployée après une telle catastrophe.
Vous êtes parti en mission début avril pour une deuxième rotation de volontaires Veoliaforce après le passage du cyclone Idai au Mozambique. Quelles ont été vos premières impressions sur le terrain ?
Sylvain Delage : C’est à la fois étonnant parce qu’on ne sait pas grand chose de ce qui nous attend et, en même temps, tout paraît assez organisé. Je ne savais pas qui allait me réceptionner à Beira mais j’ai suivi mon bagage qu’un chauffeur embarquait dans une voiture de Médecins Sans Frontières… Puis briefing avec les équipes de l’ONG, partenaire de la Fondation Veolia, et, très vite, on est sur le terrain. Bref, on s’insère dans des process fluides malgré un contexte d’urgence humanitaire.
A Beira puis à Dombé, vous avez assuré l’exploitation d’Aquaforces, unités mobiles de production d’eau conçues par la Fondation Veolia, et formé des personnels à leur utilisation.
SD : Oui, les volontaires Veoliaforce partis en première rotation déploient les équipements et ceux, comme moi, qui arrivent pour une deuxième rotation, assurent l’exploitation et préparent la vie des Aquaforce après notre départ. Avec Julien de Sousa à Beira, puis avec Camille Beaupin à Dombé, nous avons donc formé des collaborateurs de Médecins Sans Frontières et des Mozambicains volontaires pour que la production d’eau se poursuive après nos interventions respectives.
Vous avez donc travaillé en zone urbaine, à Beira, et dans la région rurale de Manica, à Dombé. Comment y vivent les populations touchées par Idai ?
SD : C’est très différent d’un environnement à l’autre. A Beira, la reconstruction a commencé, vous croisez beaucoup de monde dans les marchés, il y a des sourires, bref, la résilience est à l’œuvre. Dans les zones rurales, l’atmosphère n’a rien à voir. Les gens n’ont plus rien : ils ont faim, vous hèlent le long des routes, racontent les trois jours passés dans les arbres à attendre que l’eau baisse… Le climat est aussi plus difficile et les conditions de vie, en tant que volontaire Veoliaforce, sommaires : pas d’eau, pas d’électricité… Il faut s’acclimater.
Comment se passe le retour après trois semaines en mission ?
SD : Une mission Veoliaforce, c’est, globalement, une grosse charge d’informations visuelles. L’attention est maximale et permanente et les journées chargées. En revenir, c’est finalement retrouver un rythme plus classique. Et, me concernant, une bonne nuit de sommeil et ça repart ! Les collègues sont assez curieux de ce que j’ai fait pendant trois semaines, je prépare donc un retour, avec beaucoup de photos, pour leur expliquer.
Propos recueillis par la Fondation Veolia
Romain Thémereau : "Une raison de plus d'aimer mon métier"
Romain Thémereau, responsable d'une usine de production d'eau potable pour Veolia dans le Loir-et-Cher, a passé trois semaines au Mozambique pour apporter son aide en tant que volontaire Veoliaforce après le passage du cyclone Idai.
Vous êtes parti quelques jours seulement après qu'Idai, cyclone de catégorie 4, a dévasté la région de Beira au Mozambique. Quelles ont été vos premières impressions sur le terrain ?
Romain Thémereau : Tu prends une claque ! Les maisons ont perdu leur toit, les arbres sont étêtés... Je m'y étais préparé mais c'est impressionnant. J'étais déjà parti au Kurdistan irakien pour la Fondation Veolia sur une mission de formation, mais les catastrophes naturelles et l'urgence humanitaire, c'est très particulier.
Sur place, qu'avez-vous fait ?
RT : En binôme avec Marlène Cothenet, autre volontaire Veoliaforce, nous avons notamment déployé deux Aquaforces 2000, des unités mobiles de production d'eau potable conçues par la Fondation Veolia. Il a fallu identifier des lieux opportuns, dans Beira et ses alentours, avant de procéder à l’installation des équipements afin que l’eau produite soit la plus utile. Puis nous avons formé des Mozambicains pour qu'ils puissent continuer à faire fonctionner les Aquaforces après notre départ.
Vous êtes parti trois semaines. Comment cette absence, sur votre temps de travail, a-t-elle été gérée par vos collègues ?
RT : J'ai la chance d'avoir une équipe autonome sur l'usine dont je m'occupe, à Blois. Parallèlement, ma responsable hiérarchique m'avait donné son accord et tout le monde a mis la main à la pâte pour que cela se passe au mieux.
Et le retour ?
RT : Au retour, il faut 24h pour reprendre pieds. Et puis on prend conscience de notre chance, du confort de notre vie. Clairement, les actions de la Fondation Veolia sont en phase avec mes valeurs personnelles. Une telle mission, c'est une raison de plus d’aimer le métier que j’exerce en France. Cet investissement est essentiel pour moi : c'est un point d'équilibre entre mon quotidien et mes convictions d’une indispensable solidarité.
Propos recueillis par la Fondation Veolia
Julien de Sousa : “Amener de l’eau en situation d’urgence, c’est vital.”
Vous avez été sollicité par la Fondation Veolia pour partir comme volontaire au Mozambique. Un départ sur le théâtre d’une catastrophe humanitaire se déroule en quelques jours seulement. Comment vous êtes-vous organisé, professionnellement et personnellement ?
Julien de Sousa : Le jour même de l’appel de la Fondation, j’en ai parlé à ma compagne, sachant que nous sommes parents d’une petite fille âgée d’un an tout juste. Elle m’a dit “Vas-y, fonce !”. Le lendemain, j’avais le feu vert de ma hiérarchie chez Veolia et je courais après les vaccins et les formalités pour être sur le terrain le 29 mars.
Sur place, pendant trois semaines, vous avez déployé des unités mobiles de production d’eau potable, les Aquaforces, avec Médecins Sans Frontières, partenaire de la Fondation...
JS : Médecins Sans Frontières avait déjà fait des repérages pour nous guider dans les besoins en eau et, surtout, commençait à monter des centres de traitement du choléra. La maladie est endémique dans la région et une épidémie était à prévoir avec la stagnation des eaux. Nous disposions d’une Aquaforce 15000, une unité de production d’eau potable conçue par la Fondation Veolia et capable d’alimenter 15 000 personnes avec 20 litres/jour (la norme OMS). Mais, la population étant particulièrement dispersée, c’était surdimensionné pour le centre de soins où nous étions. Il a fallu faire preuve de pragmatisme et séparer deux lignes de production de l’Aquaforce pour adapter nos ressources aux besoins, situés à Beira mais également plus à l’Ouest de la ville.
Comment une telle mission est-elle perçue par les collègues et à l’extérieur ?
JS : J’ai la chance d’avoir une équipe très compétente autour de moi, qui sait très bien gérer les aléas en mon absence. Mais il fallait aussi, à mon sens, prévenir les élus, nos interlocuteurs locaux, pour leur expliquer ce qu’un collaborateur Veolia allait faire sur le terrain d’une intervention humanitaire. Notre capacité à gérer ce type de situation est mal connue. C’est pourtant essentiel : amener de l’eau à des gens dans le besoin, en situation d’urgence, ce n’est pas anodin, c’est même vital.
Cédric Thévenot : “L’atmosphère est très particulière pendant les premiers jours qui suivent la catastrophe.”
Il est à la fois volontaire Veoliaforce de la Fondation Veolia, membre des ERU (Emergency Response Unit) de la Croix-Rouge, et responsable d’unité locale Veolia Eau dans le Doubs… Cédric Thévenot raconte les premiers jours passés au Mozambique après le passage du cyclone Idai.
Vous êtes parti très vite après la catastrophe. Avec les personnels des différentes Croix-Rouge mobilisées, vous avez fait partie des premiers humanitaires à arriver sur place...
Cédric Thévenot : Oui, en tant que membre des ERU (Emergency Response Unit) de la Croix-Rouge, je suis régulièrement sollicité pour partir en première ligne. Et à vrai dire, j’aime ça ! Il y a bien sûr une forme d’adrénaline pour être au plus vite utile pour les populations touchées, et en même temps il faut gérer des phases d’inertie, le temps que tout le monde s’organise et se coordonne alors même que les gens sont dans le besoin. Ce sont quelques heures, des demi-journées, mais face à la population désemparée et choquée par ce qui vient de se passer, c’est toujours difficile.
Concrètement, un avion-cargo est arrivé 24h après nous, on a déchargé le matériel et identifié un entrepôt de stockage. Parallèlement, les ONG tentaient de qualifier les besoins, de hiérarchiser les priorités, ce qui n’a rien d’évident quand bon nombre de zones sont encore inaccessibles. Bref, c’est une atmosphère très particulière.
L’ampleur de la catastrophe était-elle perceptible dès les premiers jours ?
CT : Non, parce que le territoire touché est très vaste et que la plupart des routes sont restées impraticables les premiers jours. On ne disposait que d’un ou deux hélicoptères. Les questions logistiques ont pris le dessus : comment se déplacer, transporter le matériel… Il fallait trouver des véhicules, des chauffeurs… Et puis vous avez parfois de bonnes surprises comme lorsque nous sommes tombés sur 5 000 m3 d’eau potable stockés par l’opérateur local depuis que le réseau de distribution était hors-service. Cela a permis d’organiser du water-trucking pour délivrer cette eau à la population.
Savoir où produire de l’eau, dans ce contexte, n’est pas évident...
CT : Comme il fallait gérer le flux des blessés qui allaient arriver et la flambée épidémique de choléra que craignaient toutes les ONG, la priorité est allée aux centres médicaux. Nous avons installé des unitées de traitement d’eau et du stockage d’eau potable ainsi que des latrines auprès des hôpitaux et dans des camps provisoires dédiés à la population touchée par le cyclone.
Partir en mission quasiment du jour au lendemain demande de l’organisation personnelle et professionnelle. Comment avez-vous géré ?
CT : A la station du Doubs où je travaille, j’ai la chance d’avoir un collègue, Mickaël Pannard, également volontaire Veoliaforce, avec qui nous sommes très solidaires. Quand l’un part, l’autre s’assure que tout se passe bien dans l’équipe. Et chez moi, depuis 10 ans que je suis ERU et près de 15 ans volontaire Veoliaforce, ma famille sait que je suis susceptible de partir du jour au lendemain ! Et l’avantage, c’est qu’avec deux enfants, la vraie vie recommence très vite à votre retour...
David Poinard : "Je n'avais jamais vu un tel phénomène de liquéfaction des sols s’étendant sur plusieurs kilomètres"
Le 28 septembre 2018, un terrible tremblement de terre suivi d’un tsunami a dévasté l’île de Sulawesi, en Indonésie. Engagée dans les opérations humanitaires d’urgence organisées par le ministère des Affaires étrangères, la Fondation Veolia envoie deux experts Veoliaforce sur le terrain. Parmi eux, David Poinard, manager de service Ingénierie technique Eau du Grand Lyon. Il nous raconte 15 jours de mission à Palu, en Indonésie.
Avant tout départ, la fondation Veolia réalise un véritable travail d’accompagnement des volontaires pour leur permettre d’intervenir dans les meilleures conditions. Un appui essentiel selon David Poinard : “avant mon départ, la Fondation a cherché à cibler au mieux les besoins de la population, les endroits les plus accessibles avec de bonnes conditions hydrologiques pour leur venir en aide. Elle a d’abord trouvé un site d’installation dans une zone sûre puis effectué une première prise de contact avec les autorités locales, notamment avec la Croix-Rouge indonésienne pour élaborer une stratégie de mission”, explique-t-il.
Sur l’île de Sulawesi, la ville de Palu (350000 habitants) et sa région, ont particulièrement été touchées avec plus de 2100 victimes, 4600 blessés graves, 680 portés disparus et près de 212000 déplacés.
Une fois sur place, David Poinard confie avoir été abasourdi par les ravages du tsunami . S’il avait déjà effectué des missions en zones de sinistre auparavant, il n’avait “jamais vu un tel phénomène de liquéfaction des sols s’étendant sur plusieurs kilomètres”. Des maisons broyées, des villages entièrement balayés se trouvaient à côté de certains quartiers, qui à l’opposé, n’avaient pas été impactés par le tremblement de terre. “Ce qui m’a le plus surpris, c’est l’optimisme des gens sur place qui n’hésitaient pas à aller à notre rencontre et qui continuaient à sourire malgré tout”, admet-il.
15 jours de missions intenses
Les 15 jours qui suivent sont “particulièrement intenses” : si David Poinard et son collègue José De Graeve, responsable logistique de la Fondation, interviennent sous une chaleur étouffante et des horaires à rallonge, ils réussissent à offrir un soutien concret. Au cours de cette mission, David Poinard a monté des stations de production d’eau potable “sur les critères définis et retenus par l’OMS”. Deux unités mobiles de traitement de l’eau (Aquaforce 2000) ont été installées sur la rivière principale de Palu, produisant près de 40 m3 d’eau par jour, distribués à plusieurs milliers de personnes. Les volontaires se sont aussi occupés de l’approvisionnement des camions citernes, circulant auprès des populations sinistrées.
Les deux experts envoyés par la Fondation se sont par ailleurs chargés de former les équipes locales de la Croix Rouge indonésienne pour que celles-ci soient complètement autonomes et puissent assurer après leur départ la production et la distribution d’eau auprès des populations tout en continuant leur travail de sensibilisations à l’hygiène dans des camps de réfugiés. Si la partie technique de l’approvisionnement de l’eau a été efficacement assurée grâce à la pertinence du matériel développé par la Fondation ,”c’est l’organisation et la coordination des différentes équipes qui a été le plus difficile”, explique t-il.
La fondation Veolia, au coeur de la mission “ressourcer le monde”
David Poinard, collaborateur de Veolia depuis 2001 n’était pas en terrain inconnu. Volontaire à la fondation Veolia depuis 2005, il était précédemment intervenu à Saint-Martin en 2017, lors du passage de la tempête Irma. Plus tôt en 2015, il était également venu en aide à un camp de déplacés de Bardarash, à proximité de zones de conflits au Kurdistan irakien, pour évaluer l’accès à l’eau potable.
La fondation Veolia intervient sur des missions d’urgence, jalonnées par des crises internationales, grâce à un réseau de collaborateurs Veolia formés aux conditions de terrain et s’étant préalablement portés volontaires. Sa première vocation est d’apporter son aide suite à une catastrophe naturelle ou d’améliorer les conditions de vie des plus démunis. “La fondation Veolia, c’est la quintessence de notre leitmotiv, qui est de ‘ressourcer le monde’ ” explique David Poinard. Derrière les actions menées, “ce sont des hommes et des femmes de terrain, dans les zones d'urgence humanitaire, mais ce sont également toutes les équipes qui coordonnent les missions dans l’ombre”, conclut-il.
Marie Girandier : "C’était du 7h-22h avec une courte pause pour avaler un chapati local !"
Marie Girandier, 40 ans, est chef de projet OTV pour le traitement des eaux industrielles. Biologiste de formation, elle a suivi le stage de formation de la Fondation en 2017. La mission en Ouganda était son premier déplacement en tant que volontaire Veoliaforce.
Comment s’est déroulée l’installation de l’Aquaforce 15 000 ?
Sur la technologie, c’était assez proche de ce que j’avais vu lors de la formation organisée par la Fondation. Le plus nouveau pour moi tenait finalement aux aspects périphériques : la canalisation à installer pour que l’eau traitée soit disponible en un point accessible par les camions, la mise en place de la crépine dans les eaux du lac Albert contaminé par le choléra, l'organisation des connections/ disconnections à répéter régulièrement pour les lavages de filtres, etc.
Quel a été l’aspect le plus difficile de la mission ?
Le rythme de travail était particulièrement intense. C’était du 7h-22h avec une courte pause pour avaler un chapati local ! Et cela pendant 15 jours, autant dire que c’est très physique, surtout pendant les premiers jours dédiés au montage de l’Aquaforce.
Comment avez-vous vécu votre retour de mission ?
Au bureau, mes collègues étaient très curieux de ce que j’avais pu vivre sur place. Je leur ai d’ailleurs promis une présentation complète de la mission prochainement. A titre personnel, il a fallu se réhabituer à une activité sédentaire, de bureau, alors que j’avais passé 15 jours au plein air à boulonner des cuves et à manipuler. Il y a inévitablement une période de réadaptation, ne serait-ce que pour le corps !
Michaël Pannard : "Le challenge était de réaliser cette mission en un temps court et avec beaucoup d'autonomie."
La fondation Veolia accompagne la Croix-Rouge française et le Croissant Rouge qatari et irakien pour alimenter en eau potable le camp Khazer 2, situé à 30 km à l'est de Mossoul en Irak. Ce camp de réfugiés accueille 2 500 familles, soit environ 20 000 personnes. Mickaël Pannard, volontaire Veoliaforce et chef de projet de cette mission, vient de rentrer après trois semaines sur le terrain. Il témoigne.
« Nous avons installé la M40 en binôme avec la Croix-Rouge française et avec l'aide de volontaires du Croissant Rouge irakien. L’équipe du Croissant rouge qatari a quant à elle pris en charge la gestion des camions-citernes. Nous avons aussi formé les volontaires irakiens au fonctionnement de la station, à la chimie et au traitement de l’eau potable. Le challenge était de réaliser cette mission en un temps court et avec beaucoup d'autonomie, et de permettre une prise en main très rapide de l’outil par les volontaires irakiens », raconte Mickaël Pannard, volontaire Veoliaforce et responsable de l’unité du Doubs au sein de l’activité Eau de Veolia en France.
Louis-Joseph Jourdana : "Mettre mon expérience et mes compétences au service des autres "
Louis-Joseph Jourdana,
Technicien d’usine et volontaire Veoliaforce
Collaborateur de Veolia depuis 16 ans, Louis-Joseph Jourdana est technicien d’usine. Il intervient au quotidien dans les stations de traitement d’eau potable et les stations d’épuration pour assurer leur bon fonctionnement et effectuer des opérations de maintenance.
En juin 2016, il suit une formation spécifique pour rejoindre l’équipe d’intervention Veoliaforce, composée de 500 volontaires, et participer aux missions d’urgence humanitaire organisées par la fondation Veolia partout dans le monde. « Je souhaitais mettre mon expérience et mes compétences au service des autres », souligne-t-il. Le 11 octobre, il s’envole vers Haïti pour sa première mission au sein de Veoliaforce. Son objectif : rétablir l’accès à l’eau potable pour les populations les plus affectées par l’ouragan Matthew.
> Retrouvez plus d'information sur la mission menée en Haïti en octobre 2016.