Plus de 40 % des personnes sur le chantier n’ont jamais travaillé dans le BTP auparavant. Quelles sont vos méthodes d’apprentissage pour qu’elles soient vite opérationnelles ?
L’apprentissage se fait essentiellement par la transmission du geste, en expérimentant. Le plateau technique propose différents sujets d’entraînement : apprendre à faire des planchers, là-bas on fabrique des petites façades avec un pignon… Les salariés se forment toute l’année. Nous limitons la théorie, qui rappelle à certains des situations d’échec scolaire.Les salariés font tout de A à Z : ils montent les échafaudages, font les découpes des briques, la pose… Motivés et encadrés, ils s’autonomisent assez rapidement et parviennent à réaliser des travaux remarquables.
Le site de l’hôpital Caroline est magnifique mais il faut tenir compte de contraintes météo parfois difficiles : coups de vent l’hiver, grandes chaleurs en été… Sans compter le contexte très particulier d’intervention sur une île, où il faut notamment évacuer tous les gravats par bateau. Les salariés sont pourtant très assidus !
Le niveau d’exigence est élevé, il faut recommencer jusqu’à ce que l’ouvrage soit réalisé dans les règles de l’art. Par exemple, trois personnes se relaient pour monter les fenêtres en plein cintre et coniques des pavillons, assez complexes à créer : la première s’occupe de l’approvisionnement, la deuxième fait les découpes, la troisième pose la fenêtre. Il faut un mois pour monter une fenêtre : on utilise 900 briques, réalisées sur-mesure pour ce chantier, qui donnent un rendu ancien. Nous n’utilisons que de la chaux et du sable, le ciment est proscrit. Mais nous apprenons aux salariés à utiliser les machines qu’ils trouveront en entreprise.
Personnellement, j’ai effectué mon apprentissage chez les Compagnons du Devoir : le souci de la transmission des savoir-faire et l’exigence de qualité sont essentiels dans la philosophie des Compagnons.