De l’eau potable pour des déplacés au Tchad

Une collaboration UNICEF / fondation Veolia

Au cœur du continent africain, le Tchad est le plus grand pays d'accueil de réfugiés par habitant en Afrique. Les dernières estimations de l’ONU évaluent à 1,1 million le nombre de réfugiés sur le territoire tchadien. Soudanais, Nigériens, Camerounais s’ajoutent au demi-million de personnes déplacées internes et rapatriées1. L’accès aux services essentiels, et à l’eau potable en particulier, déjà sous tension, est souvent compromis par la raréfaction des ressources.

C’est dans ce contexte que l’UNICEF a sollicité la fondation Veolia pour identifier des solutions d’accès à l’eau à la fois adaptées à cet environnement humanitaire et susceptibles d’être adoptées par les communautés locales.

Des unités mobiles de potabilisation de l’eau, des Aquaforces 2000, conçues par la fondation Veolia, ont été confiées à l’UNICEF pour être déployées sur le terrain. Ce don s’est accompagné d’une opération de mécénat de compétences avec la mission de deux experts Veoliaforce sur le terrain. Ces collaborateurs Veolia, mobilisés sur leur temps de travail pour être mis à disposition de la fondation Veolia, ont passé deux semaines au Tchad. Objectif : former des personnels locaux à la production d’eau potable et suivre le premier déploiement des deux Aquaforces 2000.

Pierre Rousseau (Veolia Water Technologies) et Adrien Vankemmel (Veolia Eau), eux-mêmes formés par la fondation Veolia en 2023, sont devenus formateurs à leur tour. “C’était une plongée dans le grand bain ! Avec une difficulté supplémentaire : la barrière de la langue2, parce que parmi la vingtaine d’apprenants, certains parlaient français, d’autres arabes, et d’autres un dialecte pas toujours compris par leurs collègues”, explique Pierre Rousseau.

Après un briefing de sécurité, commun avec plusieurs agences onusiennes basées à N’Djamena, la première étape a consisté à identifier les sites où les deux Aquaforces pourraient être déployées. A Baga Sola et Bol, situés chacun à quelques heures de N’Djamena, il fallait trouver une source d’eau douce et un terrain attenant pour installer la station.

La formation a évolué avec les contraintes du public. “Certains apprenants, commerçants quand ils ne sont pas affectés à la production d’eau, n’étaient pas toujours disponibles. Nous avons adapté le rythme et ajusté la formation. Parce que tout le monde n’est pas égal devant la chimie par exemple. L’Aquaforce 2000 est très simple d’utilisation mais il reste quelques passages obligés pour s’assurer de la qualité de l’eau”, explique Adrien Vankemmel.

Une fois la formation théorique achevée, les unités ont été déployées au plus près des populations. “Ce qu’on n’imagine pas avant une telle mission, c’est l’importance d’embarquer tous les chefs de communautés locales, y compris religieuses. Ces civilités sont incontournables si on veut que l’eau produite soit tout simplement bue”, a constaté Pierre Rousseau. “L’acceptabilité est un autre sujet majeur :  si l’eau a un goût ou une couleur particulière, il faut pouvoir justifier et corriger. Sans quoi vous aurez du mal à convaincre de l’intérêt de boire cette eau plutôt que l’eau du lac.”

Le ministre tchadien de l’Eau et de l’Assainissement, Kanabé Passalé Marcelin, est venu constater l’efficacité des Aquaforces, accompagné par Djibrine Ratou, Gouverneur de la province du Lac et Jacques Boyer, Représentant de l’UNICEF Tchad.

Quelques semaines plus tard, les deux experts Veoliaforce ont repris leur quotidien mais dans les communautés de Baga Sola (5 603 personnes) et de Bol (7 190 personnes) qui accueillent des déplacés internes, l’eau potable coule désormais.

Pourquoi 2000 ?

Une Aquaforce 2000 permet de fournir 15 à 20 litres d'eau potable par personne et par jour à une population de 2000 personnes.

Un partenariat avec l’UNICEF depuis 2008

La fondation Veolia est devenue, en 2008, Standby partner de l’UNICEF. De quoi s’agit-il ? D’un statut qui fait de la fondation Veolia un interlocuteur privilégié de l’agence onusienne en charge des questions d’accès à l’eau. Près d’une vingtaine de missions ont été réalisées dans ce cadre partenarial, le plus souvent pour mettre à disposition des expertises techniques pointues. Par exemple au Liban après l’explosion meurtrière d’août 2020, pour rechercher des fuites sur le réseau d’eau. Ou encore en Guinée équatoriale en 2021 pour échantillonner des micropolluants et déceler des contaminations de l’eau.

1 Source : https://news.un.org/fr/story/2024/03/1143642

2 Les langues officielles du Tchad sont l'arabe et le français, et plus d'une centaine de langues sont parlées sur le territoire tchadien, qui abrite plus de 200 groupes ethniques différents. 

Avec ce type d’opérations, par nature réplicables, on conjugue une double expertise : le traitement de l’eau côté Veolia, la connaissance du secteur humanitaire et des communautés locales côté UNICEF.
Damien Machuel
Responsable des opérations, Fondation Veolia