Responsable d’exploitation tri et valorisation à Oissel (Normandie), Romain Duthoit est parti à Atar fin 2021. Après avoir participé à la recherche des véhicules dont la ville d’Atar a été dotée, il a formé les personnels à leur utilisation et à leur entretien.
Cette mission en Mauritanie était votre première mission Veoliaforce ?
Romain Duthoit : Oui et à vrai dire, je ne suis pas devenu volontaire auprès de la Fondation pour partir à tout prix à l’autre bout du monde. Ma démarche a toujours été de m’inscrire dans un projet de long terme et, ponctuellement, au gré des besoins, de pouvoir donner un coup de main.
Votre implication sur ce projet a d’ailleurs débuté par un coup de main…
RD : Il se trouve que, dans mon parcours, j’ai fait de la collecte de déchets et, aujourd’hui, je m’occupe d’un centre de tri. Quand il a été question d’identifier des véhicules susceptibles d’être donnés à la mairie d’Atar pour optimiser la gestion des déchets, je savais où trouver, dans ma région de Normandie, une chargeuse et un camion ampliroll (avec bennes amovibles) qui ne répondaient plus aux exigences locales mais pouvaient encore servir.
Votre départ en mission a été, dans le contexte de la crise sanitaire, retardé à plusieurs reprises. Cette attente était-elle frustrante ?
RD : Non parce que nous l’avons mise à profit pour échanger et préparer, au mieux, la réception des véhicules sur place et la formation à venir. Il y avait, en particulier, un gros travail à faire pour… convaincre les services d’Atar d’accepter le camion et la chargeuse ! Ils n’avaient, jusqu’à présent, utilisé que de vieux camions Mercedes à benne fixe et n’imaginaient pas pouvoir conduire autre chose. Il y avait aussi des craintes sur l’accès à des pièces de rechange en cas de panne. Bref, il a fallu rassurer, expliquer qu’à quelques centaines de kilomètres, au Sénégal, le même type de véhicule était utilisé, que le SAV serait donc possible, etc.
Sur le terrain, y a-t-il eu des surprises ? Bonnes… ? Mauvaises… ?
RD : Notre plus grande difficulté a été la barrière de la langue. Peu de Mauritaniens parlent français, la grande majorité n’échange qu’en arabe. Mais on est arrivé à se comprendre ! Et il le fallait parce qu’ils posaient beaucoup de questions et que nous devions passer en revue l’utilisation et la maintenance, de la chargeuse en particulier (graissage, niveaux, filtres…).
Comment votre équipe a-t-elle pu pallier votre absence, au centre de tri de Oissel ?
RD : Tout le monde a été très moteur sur le sujet. Je suis parti à Atar mais toute l’équipe a, indirectement, participé au projet. A mon retour, j’ai montré beaucoup de photos pour expliquer ce que j’avais fait pendant dix jours.
Quelle est l’étape suivante ?
RD : L’AIMF pilote une étude de caractérisation des déchets menée par un bureau d’études local pour voir ce qui pourrait être fait en termes de recyclage. Les spécificités de consommation sont très variables d’une population à une autre. Prenez le papier-carton, il serait inutile d’envisager du recyclage, les Mauritaniens le donnent à manger aux chèvres ! Donc nous n’en sommes qu’aux prémices de la réflexion mais la collecte des déchets a déjà pris une nouvelle dimension à Atar.