Technicienne de laboratoire chez Veolia Franciliane, Stéphanie Doualan est partie deux semaines à Mayotte en tant que volontaire Veoliaforce. Elle a notamment opéré les stations mobiles de potabilisation de l’eau de la fondation Veolia aux côtés de la Croix-Rouge française. Une mission pas comme les autres pour cette volontaire aguerrie au terrain.
Vous avez été mobilisée à Mayotte après une première rotation d’experts Veoliaforce, soit une arrivée trois semaines après le passage du cyclone Chido. Quel était le contexte ?
Stéphanie Doualan : Quand j’arrive à Mayotte, le 8 janvier, la phase de sidération est passée. La population s’est engagée dans l’après, dans la phase de reconstruction. J’emprunte des rues qui, d’une journée à l’autre, sont nettoyées des débris et tôles ondulées qui les jonchaient la veille. Des points d’eau ont été identifiés pour déployer des Aquaforces, ces stations mobiles de production d’eau potable. Il faut les valider en analysant l’eau brute pour s’assurer qu’on pourra la traiter. C’est la première partie de ma mission, avant de basculer sur l’exploitation de l’Aquaforce déployée à M'Tsapere.
Dans ce quartier de la capitale, Grand Mamoudzou, une Aquaforce 2 000 a été installée en haut d’une rivière…
SD : …pour alimenter la population des alentours. On voit beaucoup d’enfants qui viennent chercher de l’eau. Et il faut reconnaître que rendre potable de l’eau sale, c’est assez magique ! Notre seule crainte, c’est d’ailleurs de voir le débit de la rivière – où l’on puise l’eau à traiter – diminuer de jour en jour. Et puis on trouve des solutions, on s’adapte. Là, on s'est coordonné avec Solidarités International, une autre ONG partenaire de la Fondation, pour faire venir de l’eau produite quand la rivière s’asséchait.
Mayotte, c’était une première pour vous ?
SD : Oui. Ce qui est assez choquant, c’est l’immensité des bangas. Avant le passage de Chido, on ne voyait sans doute que la forêt sur les collines. Le cyclone a mis à nu tous les bidonvilles en arrachant toute la végétation qui les masquait, découvrant une mer de tôles ondulées, comme si le feu était passé par là.
Vous avez déjà réalisé des missions humanitaires, pour la Croix-Rouge française comme bénévole en Grèce, et en tant que volontaire Veoliaforce pour la fondation Veolia à Haïti. En quoi cette mission était-elle différente ?
SD : Mayotte, c’est la France. On sent parfois un peu d’inertie dans la prise de décision publique et, en même temps, il y a beaucoup de monde pour aider. A ma petite échelle, chaque journée se terminait par un debrief avec les équipes dédiées aux questions d’eau (WASH), un debrief avec les ERU (Equipes de Réponse aux Urgences) de la Croix-Rouge française, voire un debrief auprès des bénévoles. Ce qui s’est avéré également très nouveau pour moi, c’est aussi le calendrier d’intervention. En Haïti, où j’ai été missionnée par la fondation Veolia pour appuyer Médecins Sans Frontières, l’intervention ne relevait pas de l’urgence post-catastrophe. C’était un projet de développement, pour améliorer l’existant. Et je travaillais en totale autonomie. A Mayotte, il fallait se mettre au service d’une organisation assez large et trouver le moyen d’être la plus utile possible.