Quand la formation des uns apporte un repas aux autres

« L'association est très saine dans son management, mais, en termes d'investissements, elle n'a pas d'autre solution que de faire appel au mécénat. »

Alexandre Le Ster

À la fin des années 1990, pour 16 000 tonnes de poissons vendues par an à la criée du marché du Guilvinec, 400 sont retirées de la vente. Quand une espèce est trop abondante, elle atteint son prix plancher (fixé au kilo chaque année) et les poissons sont automatiquement enlevés. Ils sont alors revendus au secteur de l'alimentation animale, ou simplement détruits.
Devant ce qu'il faut bien appeler un « gâchis », l'un des responsables des producteurs de poissons et le président de la Banque Alimentaire du Finistère élaborent un projet inédit : récupérer les poissons « trop peu chers », les faire préparer pour la consommation par des chômeurs longue durée et les apporter aux plus démunis via la Banque alimentaire et le Secours populaire.

Des légumes avec vos poissons ?

L'association Le Panier de la mer naît ainsi à l'automne 1997. Son organisation permet de fournir des aliments à ceux qui en ont le plus besoin, mais aussi une nouvelle formation à des personnes depuis longtemps sans travail. Chaque année, douze personnes sélectionnées sur les listes de l'ANPE, ou sur celles des allocataires du RMI, bénéficient de six mois d'atelier école, alternant théorie et mise en pratique, avec, à la clé, la possibilité de trouver du travail dans le secteur de la poissonnerie, qui manque notablement de main-d'œuvre.

Au fil des ans, Le panier de la mer s'est diversifié. Installé dans un manoir à Kérambourg (29), il y a créé une deuxième filière de formation à l'agriculture maraîchère biologique, selon le même principe d'enseignement en alternance. Et, pour effectuer les travaux nécessaires dans le bâtiment ancien qui accueille les formations techniques, ils ont sollicité la fondation Veolia ainsi que d'autres partenaires (Caisse d'épargne, Fondation Mérieux). Dans les paniers de la mer, il y a depuis 2004 du fenouil et des carottes pour déguster les grondins.

La formule, très appréciée, a conduit l'association à poursuivre le développement de ses activités. Début 2006, la fondation Veolia lui apportait une nouvelle aide pour assurer la qualité de ses deux filières de formation.