Salarié chez Veolia depuis 1996, Patrick Eychenne, a suivi la formation Veoliaforce en 2022. Son départ pour le Pakistan lui a permis de se confronter pour la première fois à l’humanitaire en situation de post-urgence.
Quels échanges avez-vous eus avec les Pakistanais pendant votre mission ?
Patrick Eychenne : Le calendrier de déploiement s’est avéré très particulier : nous sommes arrivés sur le terrain début octobre alors que les inondations avaient débuté pendant l’été. Les populations, en tout cas dans le district de Nowshera où nous étions, tentaient de reprendre le cours de leur vie. Notre intervention leur a permis de consommer de l’eau potable, ce qu’ils n’avaient sans doute pas fait depuis des semaines. Nous avons senti à la fois beaucoup d’intérêt et de curiosité de la part des habitants des villages où nous avons déployé les Aquaforces 2000.
Vous aviez déjà participé à des missions à l’étranger ?
PE : Oui, au Burkina Faso et au Bénin, mais il s’agissait de projets de développement. L’urgence voire la post-urgence concernant le Pakistan, c’est très différent, ne serait-ce que par la collaboration quotidienne avec une ONG telle que Médecins Sans Frontières. C’était une vraie découverte pour moi et une très belle expérience : les équipes travaillent main dans la main, toute la logistique et la sécurité sont parfaitement gérées par MSF. Il n’y a pas la place pour le moindre moment de doute et cela permet de nous concentrer sur l’essentiel : l’accès à l’eau.
Comment aviez-vous anticipé votre absence, en France ?
PE : La mission se passe d’autant mieux quand on sait que tout est géré en France, à la maison comme au travail. Ma responsable hiérarchique a soutenu ma démarche, mes collègues ont accepté de prendre mes astreintes, bref, j’étais en mission mais une partie de l’agence était avec moi.
Quel bilan tirez-vous d’une telle mission ?
PE : Qu’il faut savoir s’adapter en permanence, aux besoins prioritaires qui peuvent varier d’un jour à l’autre, autant qu’à l’environnement culturel. Quand tout est fermé parce que c’est dimanche, il faut juste accepter qu’on ne va pas pouvoir faire ce qu’on avait imaginé. Quand il faut former quelqu’un au maniement des Aquaforces en une semaine alors qu’il ne connaît rien de nos métiers, c’est un vrai challenge et une grande exigence de souplesse et de pragmatisme. Bref, ce n’est jamais parfait mais quand c’est bien, c’est déjà fabuleux.
Propos recueillis le 15 décembre 2022