Volontaire Veoliaforce expérimenté, Cédric Thévenot a passé près de trois semaines dans le Nord du Pakistan pour déployer des unités mobiles de potabilisation de l’eau.
Quel était le contexte à votre arrivée au Pakistan ?
Cédric Thévenot : A notre arrivée, via Islamabad, il n’y avait que peu ou pas de trace des inondations. J’avais, de mon côté, récupéré quelques vues aériennes et c’est finalement sur la route, vers Peshawar, qu’on a commencé à percevoir les stigmates de la catastrophe.
Dans le district de Charsadda, où nous sommes intervenus, c’était un environnement de petits villages dont les habitants utilisent habituellement des puits collectifs pour accéder à l’eau. Avec les inondations, ces puits ont été colmatés ou souillés et la population s’est tournée vers l’eau de la rivière. Ils ont bien tenté de la filtrer avec des mouchoirs en tissu mais l’eau restait impropre à la consommation, et ils nous disaient d’ailleurs avoir mal au ventre en la consommant.
Avez-vous connu des écueils lors du déploiement des stations ?
CT : Techniquement, on a testé les limites des Aquaforces en traitant une eau dont la turbidité était très élevée, jusqu’à 750-800 ntu ! Mais notre plus grande difficulté a consisté à gérer une problématique de chloramines, issues des bouses de buffles utilisées comme fertilisants dans les champs avant les inondations. Pour résoudre le problème rapidement, ajuster le traitement et obtenir une eau de qualité, on a pu s’appuyer sur des équipes Veolia spécialistes du sujet, en France, qui nous ont répondu de manière réactive. Une vraie chance : accéder aussi facilement à une expertise éprouvée, c’est un puissant levier d’efficacité quand on est sur le terrain.
Quel a été l’accueil, par les Pakistanais, de ces stations de traitement de l’eau ?
CT : Beaucoup de curiosité et une vraie compréhension de la nécessité de boire une eau traitée. Il faut dire qu’entre l’eau marron qu’on traite et ce qui sort de l’Aquaforce, l’effet est bluffant.
Quelle était l’organisation, avec Médecins Sans Frontières, sur le terrain ?
CT : L’enjeu était double : remettre en fonctionnement ces puits - une mission réalisée par Médecins Sans Frontières (MSF) - et, pendant les travaux, approvisionner en eau la population, soit le cœur de notre métier. Nous avons déployé deux Aquaforces 2000 dans une coordination totale avec MSF. Il fallait ensuite s’assurer que ce dispositif de désinfection des puits et de production parallèle d’eau potable fonctionne après notre départ. Pendant une semaine, nous avons formé des Pakistanais recrutés par MSF pour opérer les Aquaforces, soit déployer, produire, vérifier la qualité de l’eau, parer aux problèmes de chimie, etc.
Culturellement, comment avez-vous appréhendé cette mission ?
CT : C’est évidemment très différent de notre vie européenne et c’est aussi beaucoup pour cela que je suis volontaire Veoliaforce : pour découvrir, via l’accès à l’eau, d’autres cultures et d’autres perceptions de la vie.
Propos recueillis le 15 décembre 2022