Arthur de Saint-Hubert, volontaire Veoliaforce de la fondation Veolia, est parti en mission en mars 2020 pour préparer le doublement de la capacité de la station d’assainissement de l’un des camps. Explications.
Vous êtes arrivé sur le terrain dans le cadre d'un projet de développement amorcé quelques mois plus tôt...
Arthur de Saint-Hubert : Oui, et très sérieusement suivi depuis un an au sein de la Fondation. Dans l’Etat du Rakhine, après plusieurs épisodes de confrontations violentes au sein de la population, des Rohingyas ont été déplacés et vivent dans des camps. L’ONG Solidarités International, partenaire de la fondation Veolia, intervient depuis plusieurs années sur le terrain pour fournir de l’eau potable et assurer l’assainissement dans les camps de Sittwe. C’est dans ce contexte que d’autres missions Veoliaforce ont précédé la mienne pour travailler sur la question de l’assainissement.
Quelle était votre mission ?
ASH : La station d'assainissement de Sittwe devait doubler de volume et être améliorée. Or il n'y a pas d'électricité : tout est fait gravitairement, la hauteur d'eau est donc l'enjeu majeur pour le bon fonctionnement de l'ensemble. Et il faut que tout soit robuste et simple d'utilisation.
En quoi consiste l'amélioration souhaitée ?
ASH : Il faut traiter une quantité substantiellement plus importante et, en plus, chercher à améliorer la qualité de ce qui sort (boues, cendres et eaux). Nous n'en sommes pas encore à une eau d’une qualité suffisante pour qu’elle soit réutilisée dans les champs au sens des recommandations de la FAO, mais nous avançons. Quant au doublement de la capacité, le chantier a démarré peu après mon départ.
Dans quelles conditions avez-vous travaillé sur le terrain ?
ASH : J’ai été assez surpris de découvrir des camps installés de longue date, qui présentent finalement un visage d’enclave très pauvre plus que de camps de réfugiés ou déplacés comme on en a le plus souvent l’image en tête. C’est sans doute la réalité de l’urgence qui dure… Une grande partie de la population est là depuis longtemps mais mes interlocuteurs, dans les camps, refusaient de se projeter : ils ne veulent pas s’imaginer encore là dans six mois.
Bref, je suis parti la fleur au fusil, sans mesurer la distance culturelle entre une ONG qui emploie, sur le terrain, une majorité de personnels locaux, et les pratiques d’un groupe très organisé comme Veolia où je travaille depuis plus de dix ans. Les premiers jours, j’étais un éléphant dans un magasin de porcelaine… Et puis j’ai compris qu’il fallait, et c’était aussi un apprentissage pour moi, prendre davantage en compte le contexte très particulier d’un terrain d’intervention humanitaire.