Social et emploi
Lieu
Bucarest, Roumanie
Marraine
Tatiana Burileanu
Dotation
18 000 € et 35 000 € au Comité de sélection du 31 mars au Comité du 22/06/2010
Porteur du projet
"Le projet d'Ateliers Sans Frontières m'a séduite parce qu'il combine le développement durable avec l'insertion des personnes en situation de grande exclusion. Il donne une seconde chance à des hommes et des femmes qui travaillent de leur côté à donner une seconde vie à des équipements informatiques, pour soutenir des associations et des écoles démunies."
Tatiana Burileanu
En 2009, Ateliere Fara Frontiere voit le jour en Roumanie, sur le modèle des associations "sœurs" Ateliers sans Frontières en France, au Maroc et en Algérie. Structure de droit roumain à but non lucratif, cette association ambitionne à son tour de faire vivre une activité de recyclage des déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE) en créant des emplois d'insertion pour les personnes marginalisées ou exclues du marché du travail. Un positionnement d'autant plus attendu qu'il n'existe pas encore de véritable système national dédié à la réinsertion socioprofessionnelle dans ce pays - en 2010, on estime par exemple à plus de 15 000 les personnes sans abri vivant en Roumanie, dont plus du tiers dans la capitale.
Le premier atelier d'insertion d'Ateliere Fara Frontiere s'est donc ouvert à Bucarest en partenariat avec le Samusocial Din Romania et avec l'aide de la fondation Veolia.
Des ordinateurs recyclés pour appuyer les politiques éducatives roumaines
Outre le rôle d'insertion professionnelle qu'elle conserve évidemment, l'objectif d'Atelier Fara Frontiere est de conférer plus de moyens aux politiques éducatives publiques et aux initiatives pédagogiques du monde associatif.
Grâce à la mise en service de PC à prix modiques, les professeurs et les éducateurs peuvent en effet développer des enseignements basés sur des programmes didactiques sur ordinateur, en général très appréciés.
Dans un premier temps, Ateliere Fara Frontiere a ouvert un atelier pilote à Bucarest, sur le modèle des ateliers français et maghrébins. En partenariat avec le Samu Social din Romania, AFF accueille une dizaine de salariés en grande exclusion - adultes sans abri, jeunes vivant en maison d'accueil à caractère social, jeunes et mineurs en liberté conditionnelle, jeunes et adultes déscolarisés, etc.
En s'appuyant sur des accords déjà conclus avec certaines grandes entreprises, elle a collecté en 2009 plus de 500 ordinateurs, et a employé quatre personnes pour s'occuper de l'encadrement de la structure.
L'aide accordée par la fondation Veolia a été utilisée pour aménager les locaux de l'atelier de recyclage. Cette activité permet aux bénéficiaires de retrouver une certaine autonomie financière et elle leur sert également de tremplin : salariés à mi-temps, ils sont accompagnés collectivement en dehors de leur temps de travail pour suivre des formations professionnelles et retrouver un emploi durable.
Et pour que cette "issue" soit assurée, AFF constitue un réseau d'employeurs potentiels, animé par des ONG partenaires, avec un système de médiation professionnelle.
Objectif : s'auto-financer à 15 %
Un an plus tard, l'association commence à faire ses preuves : les premiers embauchés, outre la formation qu'ils reçoivent au sein de l'atelier, bénéficient d'un accompagnement social, médical et psychologique individualisé. Le but est de les aider à se réinsérer de façon durable.
Ici, comme dans les trois premiers pays où cette filière a été mise en place, la formule répond à de véritables besoins et rencontre un certain succès. Il s'agit donc désormais de passer à l'étape suivante : un développement économique plus soutenu dans le but de consolider les emplois créés. Pour y parvenir, Ateliere Fara Frontiere s'est fixé l'objectif de parvenir à s'auto-financer à hauteur de 15 %. En janvier dernier, elle a obtenu l'autorisation de l'Agence nationale pour la protection de l'environnement (ANPM) nécessaire au déploiement de ses actions de collecte, de stockage et de traitement de DEEE.
Mais cette montée en charge signifie aussi de nouveaux investissements, notamment pour acquérir des équipements supplémentaires : un transpalette électrique, du matériel de démantèlement, du matériel de bureautique et un véhicule utilitaire pour le démarchage et la collecte. La fondation Veolia a choisi d'aider une nouvelle fois Ateliere Fara Frontiere. Dans un pays où la marginalisation d'une frange de la population reste importante, l'atelier d'insertion socioprofessionnelle permet de prouver par l'exemple que ces personnes ne représentent pas un problème social, mais plutôt une ressource pour la société.