Pas de développement durable sans accès à l'eau

Dans le nord du Cameroun, en pleine zone sahélienne, un prêtre médecin, Christian Aurenche, fondait, il y a trente ans, un centre de développement régional. Santé, agriculture, éducation, aide aux femmes : pour que les actions accomplies ne soient pas remises en question, il convient aujourd'hui de sécuriser l'approvisionnement en eau.

Humanitaire et Développement

Lieu
Tokombéré, département du Mayo-Sava, Cameroun

Marraine
Anne du Crest

Dotation
15 000 € au Comité du 05/12/2006

Porteur du projet

Tokombéré

« Le projet du Centre de promotion humaine est exemplaire par son approche d'ensemble du développement, santé, éducation, agriculture, développement économique, promotion féminine, qui peut dès lors être durable. Cette approche s'est montée au fil des ans au contact, à la demande, puis à l'initiative des populations locales. »
Anne du Crest

En 1975, le docteur Christian Aurenche, médecin et prêtre, s'installait à Tokombéré, chef-lieu d'arrondissement du département du Mayo-Sava, tout au nord du Cameroun, à 250 km de Garoua et 50 km de Maroua. Dans cette zone sahélienne, où la saison sèche dure d'octobre à mai, il avait le projet d'aider la population, estimée actuellement à environ 90 000 personnes, à mettre en œuvre puis maîtriser son propre développement. Avec l'appui des autorités locales et nationales camerounaises, et sous l'autorité du diocèse de Maroua-Mokolo, Christian Aurenche fonda alors le Centre de promotion humaine pour servir de cadre à cette volonté. D'année en année, suscitant d'abord l'intérêt puis la participation active de la population locale, le Centre est devenu un exemple de ce que signifie le "développement durable", bien avant que le terme ne soit repris au plan international.

 

Un danger : le manque d'eau

À Tokombéré, le Centre de promotion humaine a commencé par bâtir un hôpital rural, puis, à partir de celui-ci, tout un réseau de soins primaires : PMI, accueil prénatal, conseils de nutrition. Aujourd'hui, l'hôpital compte 160 lits. Il est devenu officiellement "hôpital de district" au début 2003.

Deuxième volet, le Centre a construit une Maison du paysan, où les agriculteurs viennent se former à de nouvelles techniques agricoles, à l'élevage, aux techniques économes en eau, etc. La Maison du paysan gère également une banque de céréales pour faire la jonction entre deux récoltes.

Le troisième volet du Centre concerne la scolarisation des enfants : les jeunes de l'arrondissement sont désormais pris en charge jusqu'au lycée. Le quatrième volet s'est intéressé aux femmes, en leur dispensant des cours d'alphabétisation et en leur donnant les moyens de se lancer dans divers artisanats. Enfin, le cinquième volet est économique : le Centre pour la promotion humaine aide les jeunes désireux de créer de petites entreprises (travaux publics, menuiserie, mécanique, etc.) à se lancer.

Parfaitement intégrées et portées par la population, toutes ces actions sont néanmoins confrontées à un danger : la désertification du Sahel. Le niveau des nappes phréatiques baissant, les trois forages qui alimentaient jusqu'à présent l'hôpital, la Maison du paysan et la Mission ne sont plus suffisamment profonds pour extraire la précieuse ressource. Deux des trois principales canalisations sont déjà obstruées. Tokombéré, l'association relais en France du Centre de la promotion humaine, a alors sollicité la fondation Veolia. Avec l'aval des experts de Veoliaforce, le futur projet prévoit de réaliser un nouveau forage, profond de 85 à 100 mètres, équipé d'une pompe électrique et relié par une canalisation très large à un château d'eau. Des conditions indispensables pour que le développement actuel de Tokombéré reste durable.