Partie avec deux experts Veoliaforce et Médecins Sans Frontières, Nathalie Vigneron-Larosa a officié trois semaines dans le Sindh, au Sud du Pakistan.
Vous êtes partie comme volontaire Veoliaforce, femme dans une équipe d’hommes. Quel a été votre ressenti ?
Nathalie Vigneron-Larosa : Il y avait, je crois, une volonté affirmée de Médecins Sans Frontières, partenaire de la fondation Veolia dans cette intervention au Pakistan, de constituer des équipes mixtes. J’avais beaucoup d’appréhensions au vu du contexte sécuritaire. Des craintes qui se sont avérées parfaitement infondées : je n’ai connu aucune situation de malaise ou d’embarras. C’était, au contraire, très naturel et cela a permis de créer du lien très vite sur le terrain, d’autant que le sens de l’hospitalité de la population est étonnant. Nous avons opéré dans des régions où les Pakistanais croisent peu d’étrangers et notre présence a suscité beaucoup de curiosité. On nous demandait si nous étions Chinois, Japonais… Tout en nous invitant à prendre le chaï, le thé pakistanais. Bref, envoyer une femme volontaire Veoliaforce au Pakistan, c’était une prise de position et c’est un pari gagné.
Comment la mission s’est-elle déroulée ?
NVL : Trouver une source d’eau non saline a été un premier sujet et le temps avant de pouvoir déployer les Aquaforces et produire de l’eau potable m’a paru très long. C’est toujours un peu frustrant quand on vit dans l’aléa. D’autant que nous arrivions dans un contexte de post-urgence donc nous n’étions pas attendus, il fallait démontrer l’intérêt de l’eau nouvellement produite en prenant en compte tous les écueils culturels et pratiques. Par exemple, une Aquaforce était située en face de la mosquée, ce qui gênait la minorité hindoue. Il fallait aussi gérer la distance entre les rampes de distribution d’eau et les habitations, ou encore éviter l’eau stagnante, très mal perçue sur le plan sanitaire. Et trouver des solutions !
C’était votre premier départ sur le terrain après une expérience à distance, sur des sujets d’assainissement. Comment l’avez-vous vécu ?
NVL : La logistique et la sécurité sont parfaitement gérées par MSF et la Fondation, et cela permet de se concentrer sur l’essentiel : l’accès à l’eau, dans un contexte très différent de mon univers professionnel habituel. J’ai aimé cette nécessité de s’adapter au terrain. Et puis le fait de passer plusieurs semaines dans le même village m’a permis, malgré la barrière de la langue, de créer des liens précieux avec les habitants, en particulier les femmes et les enfants.
En France, j’ai la chance d’avoir de l’aide familialement, et une hiérarchie compréhensive au travail, qui m’a permise, même avec des départs décalés, de parvenir à tout gérer. Ce sont des prérequis incontournables pour partir serein.
Propos recueillis le 15 décembre 2022