La joute nautique comme vecteur d'insertion

«Le club se structure et accueille de plus en plus de jeunes des quartiers défavorisés de Saint-Raphaël et de Fréjus. Il a besoin d'être soutenu.»
Didier Molland

On s'y adonnait déjà sous l'Ancien Empire égyptien, il y a quelque 4 500 ans : la joute est l'un des plus vieux sports nautiques au monde. Repris par les Grecs et les Romains, puis pratiqué durant tout le Moyen Âge du bassin méditerranéen jusqu'à la mer du Nord, il est parvenu jusqu'à nous, presque inchangé. Son principe, relativement simple, fait s'affronter les champions de deux équipes installées chacune dans une grosse barque propulsée à la rame. Pendant que leurs équipiers manœuvrent le bateau, les deux jouteurs ont pour mission de désarçonner leur adversaire du promontoire sur lequel il est installé et de le faire plonger, le temps d'une baignade un peu forcée. Mais, de l'Alsace au golfe du Lion, les règles de l'affrontement sont nombreuses et très contraignantes, faisant de ce sport une belle école de discipline et de respect des autres.

De 6 à 25 ans

À Saint-Raphaël, dans le Var, la Société des joutes raphaëloises s'appuie sur cette rigueur imposée pour aider les jeunes des quartiers difficiles de l'agglomération intercommunale de Saint-Raphaël-Fréjus. En leur apprenant les règles de vie du jeu collectif, le goût du dépassement de soi et aussi, celui du plaisir de s'engager dans une compétition, l'association leur montre le chemin pour réussir à s'insérer dans la société. Elle remporte ce faisant un succès croissant : 216 jeunes âgés de 6 à 25 ans sont actuellement licenciés du club et s'adonnent régulièrement aux joutes. Et chaque année au début septembre, les Joutes nautiques de Saint-Raphaël sont organisées dans le port de Santa-Lucia, pour le plus grand bonheur des habitants et des derniers estivants.
Pour accompagner chaque semaine les jeunes n'ayant pas de moyen de transport personnel depuis les quartiers où ils résident (en général éloignés des bords de mer) jusqu'au port, l'association a sollicité l'aide de la fondation Veolia afin d'acquérir un nouveau véhicule. Il lui permettra également de poursuivre des actions d'information dans les quartiers les plus défavorisés. Les joutes de Saint-Raphaël ont encore un bel avenir devant elles…, quelques siècles au moins !