Internet à portée de tous

« Ce projet permet à des adultes très défavorisés d’exister alors qu’ils se sentaient oubliés depuis longtemps. Via Internet, il est question de leur rendre une dignité et une place dans la société. »

Nathalie Barraux

Parce que les populations les plus défavorisées ne savent en général pas utiliser les nouvelles techniques de l’information et de la communication (NTIC) et qu’elles n’osent donc pas s’en servir – y compris lorsque celles-ci se trouvent en accès public –, le Mouvement ATD Quart Monde a lancé un projet innovant en France : “Un ordinateur pour tous”. Sachant que de nombreuses démarches s’effectuent aujourd’hui sur la Toile, ATD Quart Monde a décidé de mettre les NTIC à portée de tous, afin de ne pas ajouter une nouvelle exclusion à la liste de celles dont souffrent les personnes très démunies.
Allant au-devant de ce public là où il se trouve, des animateurs de l’association se déplacent avec un ordinateur portable équipé de solutions de connexion sans fil. Sur ces matériels, ils apprennent aux marginalisés à “surfer” et les aident dans le même temps à s’ouvrir à la société (recherches d’emplois et de logements, par exemple) et à son nouvel environnement. Une fois les premiers gestes acquis, ils les encouragent à fréquenter les Espaces publics numériques ouverts à tous dans les quartiers.

Une ouverture sur le monde

Démarré en avril 2005, le projet a déjà permis à quatre animateurs de l’association de suivre près de trente-cinq personnes dans leurs abris de fortune ou au sein de logements sociaux à Paris, dans les quartiers des Halles et de Belleville, et dans le Val-d’Oise. Ce projet très humain a déjà porté ses fruits : certains ont trouvé un logement en dehors des démarches habituelles, d’autres se sont inscrits à la bibliothèque municipale, ont appris le code de la route ou ont entamé une recherche d’emploi.
Devant ces résultats, le nombre des personnes intéressées par cette initiative augmente rapidement. Sollicitée par ATD Quart Monde, la fondation Veolia a accordé une subvention de 20 000 euros pour permettre l’achat d’équipements informatiques complémentaires, afin de démultiplier l’expérience pendant deux ans. Au terme de cette période, cette expérience pilote financée à 40% par le ministère de la Recherche permettra d’établir un cahier des charges à destination des associations humanitaires souhaitant à leur tour placer Internet à portée de tous.