Humanitaire et Développement
Lieu
Cercle de Niafunke, Mali
Parrain
Franck Haaser
Dotation
140 000 € au Comité de sélection du 27 mai 2008, 145 000 € au au Conseil d’administration du 15/03/2010
Porteur du projet
Je suis personnellement le déroulement de ce projet très important de sa conception jusqu'à sa réalisation. J'ai effectué la mission d'évaluation des besoins et déterminé avec les partenaires locaux les solutions adaptées pour y répondre. Au titre du mécénat de compétences, la fondation Veolia suit sa mise en œuvre jusqu'à son terme.
Franck Haaser
Le Cercle de Niafunke -l'équivalent français d'un département-, très isolé en période de crue du fleuve Niger (de juillet à septembre), souffre d'un déficit en infrastructures hydrauliques, alors même qu'il connaît une augmentation des besoins en eau potable due à une forte croissance démographique. Pour remédier à ce problème, l'assemblée régionale de Tombouctou a noué divers partenariats publics et privés, notamment avec la région Rhône-Alpes et la fondation Veolia.
Développer les compétences locales
Suite à la stratégie de décentralisation menée par l'État malien dans les années 90, les compétences ont été progressivement transférées au niveau local. C'est dans ce cadre que le Projet d'Appui au Développement Local de Tombouctou (PADL), pris en charge par l'association ARP développement depuis 1992, a été mis en place dans le Cercle de Niafunke. Il a pour objectif d'appuyer les communes maliennes dans la définition et la mise en œuvre de leur stratégie de développement, en leur apportant un soutien administratif et en mobilisant des partenaires techniques et financiers.
Afin d'apporter une réponse au manque d'accès à l'eau potable dans la zone, l'ancien maire de Niafunke, Ali Farka Touré, décide de mobiliser des partenaires au cours de journées de réflexion sur le thème du développement durable. Suite à ces rencontres, ARP Développement et la fondation Veolia décident d'agir côte à côte pour créer un programme permettant d'équiperneuf villages du Cercle de Niafunke en adduction d'eau potable par pompage solaire, pour 15 000 bénéficiaires directs (Niafunke 1). Dans un souci de pérennisation du projet, celui-ci est suivi dès 2010 par un programme de « carbone social », qui utilise les mécanismes de finance carbone afin de faciliter l'accès aux structures de première nécessité (Niafunke 2).
La fondation Veolia apporte, en plus de son soutien financier, les compétences de volontaires de Veoliaforce : au premier semestre 2010, les volontaires ont ainsi passé 80 jours sur le terrain.
Niafunke 1 : une adduction dans chaque village
S'il est classique par son objet (système d'adduction d'eau potable), le programme de Niafunke 1 fait appel à une technologie plus rarement utilisée et adaptée aux conditions géographiques de la région : le pompage solaire.
Lors de la première phase (2006-2007) du projet, deux premiers villages ont joué le rôle depilotes avant que sept autres soient sélectionnés dans l'ensemble du Cercle de Niafunke. Au final, chacun des neuf villages est équipé d'un forage et d'infrastructures adaptées aux besoins exprimés par les communautés (canalisation, bornes-fontaines publiques, châteaux d'eau) pour permettre un meilleur usage de l'eau dans la région. 15 000 personnes, dont sept écoles, bénéficient aujourd'hui de ces installations. Parallèlement, des latrines conçues pour permettre la récupération du biogaz sont réalisées dans 4 villages.
Renforcer les capacités locales pour une gestion pérenne de l'eau
La mise en place de ces infrastructures a nécessité la création de comités de gestion afin d'administrer le paiement de l'eau. Celui-ci est calculé en fonction des charges de fonctionnement et des coûts d'amortissement. Le partenariat a permis l'organisation d'un cycle de renforcement de compétences afin de mettre à disposition de chaque village, par l'intermédiaire de ces comités, les outils nécessaires à la bonne gestion des équipements. Ces comités de gestion disposent de l'appui et du suivi de comité de surveillance mis en place dans le cadre du programme. Un artisan réparateur, formé à la maintenance et à l'entretien des équipements est lié par contrat à chacun des comités de gestion. Ces actions ont permis de former plus de 190 personnes dont 60% de femmes à la gestion durable des installations d'eau !
La Fondation a apporté son soutien technique tout au long du projet en envoyant quatre volontaires sur le terrain pendant deux ans. Si l'accompagnement effectué sur place s'est avéré essentiel, il a également permis d'identifier de nouveaux besoins, pour intégrer à la fois la mise en œuvre des infrastructures, la promotion de l'hygiène et le développement d'activités génératrices de revenus, dans une optique de pérennisation des installations et d'amélioration durable des conditions de vie des habitants.
Le choix du pompage solaire pour le Cercle de Niafunke a donc permis d'envisager un prolongement ambitieux pour répondre à ces besoins : un projet de formation à la certification carbone qui vient compléter l'installation des équipements d'adduction d'eau.
Niafunke 2 : une adduction d'eau qui génère des crédits carbone
En juillet 2009, le Délégué général de la fondation Veolia, Thierry Vandevelde, et le Ministre de l'Environnement du Mali signent une convention formalisant le renforcement des capacités des services étatiques maliens, des bureaux d'études et des ONG en matière de promotion de réduction d'émissions de gaz à effet de serre.
Le Mali, comme la plupart de pays du continent, est défavorisé dans ce domaine. L'Afrique sub-saharienne représente moins de 1 % des crédits carbone générés à l'échelle planétaire, selon le mode de calcul déterminé par le protocole de Kyoto, et doit faire face à une double problématique. Non seulement les investissements dans ce domaine sont faibles, mais en plus les promoteurs de ce type de projet font défaut.
Généraliser l'accès à l'eau potable grâce aux crédits carbone
La fondation Veolia est intervenue sur ce point en collaborantavec le ministère de l'Environnement du Mali. Ils proposent un programme de renforcement des compétences consistant à former aux procédures de certification des promoteurs de projets au Mali ainsi que les autorités compétentes chargées de les encadrer.
Le projet de Niafunke joue donc le rôle de pilote. Les crédits générés ne sont pas employés à financer l'investissement (celui-ci étant assuré par les partenaires financiers, la fondation Veolia notamment), mais à soutenir financièrement le fonctionnement et l'amortissement du système d'adduction d'eau. Autrement dit, il s'agit de réduire le prix de vente de l'eau et donc de soutenir la généralisation de l'accès à l'eau potable dans cette zone de grande pauvreté.
Pour achever les travaux d'équipement et préparer ce programme de formation, plusieurs volontaires se sont succédé sur le terrain en 2009 et 2010.