Responsable Qualité de l’eau chez Veolia Franciliane, Julie Schmitt est partie former des personnels de Médecins Sans Frontières au Pakistan. Pourquoi ? Elle est volontaire Veoliaforce de la fondation Veolia parallèlement à son poste à l’usine de Méry-sur-Oise. Explications.
Vous revenez d’Islamabad où vous avez passé une semaine avec des personnels humanitaires. De quoi s’agit-il ?
Julie Schmitt : Je me suis engagée, avec l’accord de ma hiérarchie, comme volontaire Veoliaforce auprès de la fondation Veolia. Cela signifie que je peux être sollicitée pour intervenir sur un projet de la Fondation sur mon temps de travail chez Franciliane. Il faut donc articuler mon quotidien professionnel à l’usine de Méry et d’éventuelles missions parallèles. L’idée est d’être utile pour les partenaires humanitaires de la Fondation sans perturber le rythme des équipes chez Franciliane.
Qu’avez-vous fait au Pakistan ?
JS : Il y a deux ans, la fondation Veolia est intervenue avec Médecins Sans Frontières (MSF) pour apporter de l’eau potable en urgence après des inondations catastrophiques qui avaient compromis l’accès à l’eau dans plusieurs districts. Plusieurs Aquaforces, les unités mobiles de potabilisation de l’eau conçues par la Fondation pour l’humanitaire, avaient été déployées et ont ensuite été stockées chez Médecins Sans Frontières (MSF) sur place pour d’autres besoins. Avec mon binôme Frédéric Gogien, déjà parti en 2022 sur place, notre mission a été de former des personnels pakistanais de MSF à l’utilisation de ces Aquaforces.
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Aviez-vous déjà fait de la formation dans votre parcours professionnel ?
JS : Être formatrice, c’était pour moi nouveau. Autant j’ai encadré des apprentis, fait grandir des stagiaires, mais animer un collectif, dynamiser un groupe, c’était une découverte. Il a fallu adapter le niveau d’apprentissage pour pouvoir embarquer tous les participants, trouver le bon ton également, ni trop froid, ni trop proche ou trop intrusif. Mais pendant la partie pratique, tout le monde était très appliqué et motivé, c’était un réel plaisir de les former, en plus de partager plusieurs moments drôles. On a réussi à instaurer un vrai climat de confiance, qui leur permettait de nous poser toutes leurs questions.
Combien de personnes avez-vous formées ?
JS : Le groupe réunissait 11 apprenants, tous des hommes. Je tâtonnais un peu, au début, pour trouver ma place, en particulier en tant que femme. J’avais la crainte de faire malgré moi un geste déplacé. J’ai d’ailleurs porté le voile sans savoir que je n’étais pas obligée de le faire, il me semblait que c’était une marque de respect de leurs coutumes. Mais c’était plus un sujet pour moi que pour le groupe : nous étions, avec Frédéric, perçus comme les détenteurs d’une compétence, qu’on a transmise, bien plus que comme un homme et une femme.
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Culturellement, c’était une mission assez loin de votre quotidien…
JS : Oui, bien sûr. Je suis arrivée les yeux grands ouverts à Islamabad, une ville où cohabitent des habitats précaires faits avec trois bouts de bois et du confort à l’occidental. On y ressent d’autant plus les contrastes qu’on est parfois loin des coutumes locales. Quand, au restaurant du coin de la rue, vous commandez un plat et qu’on égorge devant vous le poulet… On tressaille, et puis on se dit que la viande est… fraîche. Et leur cuisine est tellement bonne qu’on en oublie le mode de préparation !
Comment s’est déroulée la formation ?
JS : La mission a été reportée deux fois, pour des problèmes de visa puis de sécurité sur place. Donc j’avais eu le temps de bien me préparer. On pensait avoir beaucoup de temps pour dispenser les enseignements et puis… il y a les aléas du terrain. Le premier jour, tous sont arrivés avec deux heures de retard. Le lendemain, on a attendu de l’huile pendant quelques heures. Et puis il y a la pause obligatoire pour le Tchaï (un thé noir sucré au lait) qui est un incontournable rituel du matin et de l’après-midi avec lequel ils ne rigolent pas ! Bref, on s’adapte ! Au terme de la semaine de formation, tout le monde avait en mains ce qu’il fallait pour déployer l’Aquaforce et on avait identifié des chefs de file qui vont sans doute, à leur tour, pouvoir former d’autres personnes. C’est sans doute l’aspect le plus gratifiant : former, au-delà de transmettre un savoir et des compétences, c'est aussi allumer une flamme, qui sera elle-même transmise.