Au plus près des enfants handicapés dans les bidonvilles de Calcutta

« Je pense que l'accès à l'éducation des personnes handicapées dans les quartiers défavorisés est légitime. Les déplacements en Inde ne sont généralement pas évidents, alors ils le sont d'autant moins pour elles. Il s'agit de les aider, mais aussi d'éveiller les consciences et de changer les comportements. Je pense que plutôt que d'assister, il faut éduquer. »

Sid Kermadi

Située dans le delta du Gange, la capitale du Bengale oriental, Calcutta, dépasse les 4,4 millions d'habitants et son agglomération, les 15 millions. Parmi eux, des millions d'enfants et beaucoup d'entre eux issus de familles très pauvres.
Depuis 1995, l'association "Calcutta de la rue à l'école" multiplie les initiatives pour les aider à accéder à une scolarité de qualité et, plus tard, à préparer un métier. Elle agit en partenariat avec l'ONG indienne "Tomorrow's Foundation" qu'elle finance et conseille.

Après avoir mis en place un centre destiné à tous les âges de l'enfance à l'adolescence (école maternelle, classes préparatoires à des concours, formations professionnelles, etc.), un abri pour les jeunes en rupture familiale, des programmes d'initiation scolaire pour les enfants vivant dans les bidonvilles et un soutien à une école publique, les deux ONG ont décidé de s'intéresser de près à la question des enfants en situation de handicap.

50 enfants accompagnés la première année

Handicap physique, moteur, visuel, psychique (autisme, paralysie cérébrale)...: pour les jeunes atteints de tels troubles, la vie dans les quartiers défavorisés des grandes agglomérations comme Calcutta est extrêmement difficile. Les rues et les moyens de transport leur sont quasi inaccessibles, les soins et traitements que leur état nécessiterait demeurent hors de prix pour leurs parents et ceux-ci n'ont pas non plus le temps de leur accorder une attention suffisante.

Les deux ONG lancent donc une "unité éducative mobile", installée dans un autobus, qui parcourra dix quartiers dans les principaux bidonvilles de Calcutta. À raison de deux quartiers différents et de dix enfants par jour, ce seront donc une cinquantaine d'enfants qui bénéficieront d'un suivi adapté à leurs déficiences.

A bord du bus, des éducateurs spécialisés, des orthophonistes, des kinésithérapeutes et ergothérapeutes identifieront ceux qu'ils accompagneront durant une année.
Une fois la prise en charge actée, ils leur fourniront une éducation spécialisée dans l'autobus et apporteront aux parents toutes les informations utiles pour les aider au quotidien : comment obtenir des réductions dans les transports publics, comment sensibiliser l'ensemble de la communauté alentour aux problèmes (besoins particuliers, droits et préoccupations) du petit handicapé, etc. Le but étant de sortir l'enfant et sa famille de leur isolement.

Le soutien de la fondation Veolia, qui servira principalement à acquérir le bus, permettra aux deux ONG de développer ce projet important, synonyme en outre de la création de neuf emplois locaux.