Antonella Fioravanti, ingénieur au sein du groupe Veolia depuis 2001, est volontaire Veoliaforce depuis plus de quinze ans. Elle a suivi le projet mené à Haïti avec MSF depuis sa genèse.
Quand avez-vous entendu parler du projet pour la première fois ?
Antonella Fioravanti : Il y a finalement très longtemps, lors d’une première réunion chez Médecins Sans Frontières (MSF) en... 2012 ! A l’époque, ils géraient trois hôpitaux à Haïti et connaissaient déjà le principe du biodisque, une solution qu’ils voulaient mettre en œuvre dans l’hôpital du quartier Drouillard, à Port-au-Prince. Le temps a passé et le projet est resté en stand-by quelque temps avant que le projet ne reparte et que je parte en 2017 pour une mission de dix jours. Il fallait mesurer la quantité des eaux à traiter et caractériser les pollutions.
Cette première mission de diagnostic a conduit à dimensionner une solution de traitement ?
AF : Pas immédiatement. Il y avait beaucoup plus d’inconnus que ce que nous avions anticipé. Impossible, notamment, de visualiser la cartographie des flux. Des fosses septiques avaient été creusées un peu partout, au gré des nouveaux bâtiments construits pour agrandir l’hôpital, et on ne comprenait pas d’où venaient et où repartaient les eaux usées. Or c’est essentiel pour pouvoir faire des échantillonnages pertinents et analyser correctement ce qu’on doit traiter. La mission était plus longue que prévu. Une collaboratrice MSF a continué les analyses après mon départ, ce qui nous a permis de partir sur des données fiables.
Vous avez donc continué à suivre le projet à distance ?
AF : Oui. J’ai eu la chance de pouvoir rester impliquée dans ce projet depuis le début et jusqu’à la mise en service de la solution retenue.
Vous êtes repartie en 2020 ?
AF : Oui, nous avions, à distance, dimensionné le biodisque et commencé le chiffrage pour les équipements nécessaires mais il fallait qu’on confronte nos projections au terrain. La taille du biodisque peut changer du simple ou double selon le débit et la charge. En effet, l’hôpital avait évolué, l’environnement aussi. Nous avons modifié l’implantation initialement prévue pour le biodisque et nous sommes revenus avec un profil hydraulique et la liste des équipements à commander pour installer le tout.
Vous avez mené des missions Veoliaforce à Madagascar, en Inde, au Zimbabwe et à Cuba. Est-on toujours surpris lorsqu’on arrive sur le terrain ?
AF : Oui, et l’appréhension est toujours là. Il faut faire attention à tout, être concentré, ne pas se disperser. Autant je dois manager, animer des équipes, piloter des projets dans mon quotidien chez Veolia Water Technologies (VWT), autant je ne prends pas d’initiatives seule sur le terrain. On travaille main dans la main avec l’ONG partenaire pendant la mission et, de retour au bureau, on sollicite souvent les collègues qui prennent sur leur temps pour nous répondre. Je me suis adressée au bureau d’études de VWT pour les plans puis à un ingénieur expert quand il a été question des pompes… Une mission Veoliaforce, c’est une aventure collective !