Plus d’un an après son départ, la goélette Tara a déjà parcouru 50 000 km, visité 15 pays et prélevé 15 000 échantillons sur 17 sites au cours de 2 000 plongées. Leur analyse permettra d’établir une base de données inédite sur les récifs coralliens, de mieux connaître leur biodiversité, leur état de santé et leur capacité d’adaptation aux changements climatiques et environnementaux.
Bilan à mi-parcours
Les scientifiques de la mission ont pu constater un blanchissement massif des coraux dans l’ensemble du Pacifique : à l’exception de quelques sites encore indemnes comme les îles de Wallis et Futuna, la couverture corallienne est affectée à hauteur de 30 à 90% en de nombreux endroits :
- 30 à 50% dans certaines îles des Tuamotu en Polynésie,
- près de 70% dans les îles Pitcairn,
- 90% aux Îles Samoa où une grande partie des colonies coralliennes sont déjà mortes,
70% à Okinawa au Japon.
« Plus l’augmentation de la température de l’eau dépasse les normales attendues, et plus les durées d’exposition à ces fortes températures sont longues et plus le blanchissement est fort », indique Serge Planes, chercheur au CNRS et directeur scientifique de la mission.
Identifier les écosystèmes coralliens à forte biodiversité les plus résilients
« L’équipe scientifique teste une technique de séquençage de l’ADN des espèces sur les sites de prélèvements par comparaison à celles déjà connues », explique Quentin Carradec du Genoscope (CEA). Ensuite en laboratoire, le séquençage caractérise l’ensemble des micro-organismes associés au corail, aux poissons de récifs et à l’eau environnante. Cette base de données permettra de comparer les récifs et de vérifier l’hypothèse selon laquelle un écosystème corallien à forte biodiversité est plus résilient et développe de meilleures réponses aux stress liés au réchauffement climatique.
Tara Pacific en chiffres
- 2 ans d’expédition (2016 – 2018)
- 35 000 échantillons prélevés
- 40 archipels et 10 sites étudiés
- 30 pays visités avec 70 escales et 100 000 km parcourus
- 100 scientifiques issus de 23 institutions et laboratoires de recherche
La goélette, qui se situe actuellement sur la Grande Barrière de Corail en Australie, poursuivra sa mission en Nouvelle-Calédonie, aux îles Salomon, en Papouasie-Nouvelle Guinée, en Indonésie, aux Philippines, à Palau, en Chine, au Japon, à Hawaï, avec un retour prévu en octobre 2018 à Lorient.
Chaque étape est l’occasion de rencontres entre les scientifiques et le grand public.