Les filières jatropha, puissant levier de développement local en Afrique de l'Ouest

Le jatrophacurcas est un arbuste originaire du Brésil, nommé tabanani au Sénégal. Par le pressage des graines, on extrait une huile qui est employée dans la médecine traditionnelle, pour fabriquer du savon, pour l'éclairage, comme combustible dans des moteurs diesel... Par la multiplicité de ses usages, le jatropha est non seulement une source d'énergie mais il est aussi générateur de revenus pour les paysans.

L'évaluation des filières jatropha confirme leur intérêt

En 2009, La Fondation a engagé un programme de soutien à une filière bioénergétique à Sokone, au sud-ouest du Sénégal. En mai 2012, une équipe de la Fondation a effectué un bilan approfondi de ce programme et mené une mission d'évaluation des filières jatropha au Sénégal, mission qui a confirmé leur intérêt.

Parmi ses nombreuses qualités, le jatropha exige peu d'eau ; il peut pousser sur des terres épuisées par d'autres cultures (notamment l'arachide), et contribuer ainsi à leur réhabilitation. Son impact sur le reboisement est positif. Des études montrent que le jatropha permet de fixer le sol et d'améliorer le rendement des autres cultures voisines. L'un des principaux enjeux est d'optimiser l'association des cultures vivrières et bioénergétiques pour contribuer à la sécurité alimentaire et créer un nouveau modèle de développement local intégré, qui requiert des investissements de départ limités.

Environ 35 projets d'agrocarburants ont été lancés au Sénégal au cours des 5 dernières années. Trois approches coexistent : la filière industrielle (production de biodiesel en usine pour l'exportation), la filière de proximité (production et transformation du jatropha dans des équipements villageois) et la filière mixte (valorisation locale des bioénergies et volume réservé à l'export). Des complémentarités certaines existent entre la filière de proximité, à laquelle appartient le programme soutenu par la Fondation à Sokone, et la filière mixte.

Coordonner les projets en créant un référentiel commun et les « assises du jatropha » en 2013

Renforcer la coordination entre les diverses expérimentations en cours permettrait de mutualiser les moyens, réaliser des économies d'échelle et ainsi accroître les retombées économiques, sociales et environnementales de la culture du jatropha. C'est cette démarche que propose le GERES (Groupe Energies Renouvelables, Environnement et Solidarités) et que soutient la fondation Veolia.

Deux axes de travail sont retenus dans cet objectif : participer à la création d'un référentiel (économique, méthodologique et réglementaire) pour le déploiement de filières locales de jatropha en Afrique de l'Ouest ; organiser des « assises du jatropha » en 2013 qui réunissent les acteurs impliqués, en lien étroit avec le GERES et ses autres partenaires. L'expérience qu'a la Fondation des filières locales du jatropha est essentielle pour créer le référentiel et choisir les thématiques traitées lors des assises.